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my disorder
24 février 2014

Extrait 2

C'est un peu honteux à dire, mais ce soir je me sens seule.
Je me sens seule car je souffre d'insomnie et que cela me donne le temps de penser.

Ce soir je ressens le besoin de bras, mais pas de simples membres pour m'enlacer; des bras de confiance, pour lesquels j'aurai un égard de tendresse.
Je voudrais être avec quelqu'un comme si on était ensemble depuis assez longtemps pour se faire confiance mais pas assez pour se connaître parfaitement.
Juste comme si on en était à ce stade où la gène du début, celle qui ralentit les choses qui nous fait défaut, s'est envolée, pour faire place à l'audace et piétiner je ne sais quelles formes de qu'en dira t-on. Où nos pulsions retirent leurs costumes de questions intérieures pour devenir actrices, nues sur la scène. Ce stade où les silences ne sont plus des malaises, ni pour autant des ritournelles gnan gnan; juste des vides agréables.
Et tout ça, aussi paradoxalement que cela puisse paraître; je le voudrais uniquement pour quelques heures.
Je voudrais pouvoir commander ça et le digérer tranquillement quelques heures plus tard comme un menu au fast food. Un instant sentimental fort qui disparaisse aussitôt, ne laissant que quelques traces de souvenirs à travers des sacs en papier kraft sur le sol du coin de la cuisine.
Si ça existait, je serais la première à crier au scandale et à jouer les soixante-huitarde dans les rues, clamant que les échanges affectifs et forts sont la source de sentiments profonds et qui se méritent. Qu'on ne peut donc pas les commander sur son téléphone et les avoir tout chaud dans un sac en papier quelques minutes après. Défendant les limites de ce qui est consommable et consummable ou non.
Mais là tout de suite, je dévorerai goulument cet amour sincère et utilement éphémère en cachette; comme un activiste écolo avalerai un Do suite à un dimanche soir un peu gris et un peu nul, éclairé discrètement à la bougie, derrière la porte vérouillée de son studio.
Je profiterai de tout ce qu'il y a de bon à prendre avant de m'en délecter car je ne suis pas prête à assumer ça au quotidien actuellement.
Finalement c'est une envie plutôt banale. Le genre d'envie que l'on n'assume pas tous mais à laquelle on faillit toujours au moins une fois.
L'insomnie, c'est un peu mon prospectus qui s'invite dans ma boîte au lettres, ou ma tentation d'un lendemain de soirée arrosée. Une petite obsession temporaire.
Avant de pouvoir s'empêtrer d'un autre, il faut déjà se supporter soi même.

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